Aqueduc du Gier

Construit entre le Ier et le IIème siècle, l’aqueduc du Gier est l’une des plus grandes réalisations romaines dans le domaine hydraulique. Il alimentait en eau la ville antique de Lugdunum. Plusieurs de ces vestiges se situent à Sainte-Foy-lès-Lyon. Le plus remarquable est le pont siphon de Beaunant.

Publié le – Mis à jour le

Des romains à nos jours

Sous nos yeux 2000 ans d’histoire.

Avec ses 86 km, l’aqueduc du Gier est l’un des plus longs aqueducs antique du monde. D’après les dernières découvertes datant de 2018, dans une pile de l’édifice situé à Sainte-Foy-lès-Lyon, l’aqueduc aurait été mis en service au début du 2ème siècle sous le règne de l’empereur Hadrien. Il servait alors à approvisionner Lyon, à l’époque Lugdunum, en eau, tout comme trois autres aqueducs plus modestes (aqueduc du Mont d’Or, aqueduc de la Brévènne et aqueduc de l’Yzeron).
L’aqueduc captait l’eau du Gier, un influent du Rhône, à Saint-Chamond dans la Loire, puis traversait 23 communes pour arriver sur la colline de Fourvière. Quinze mille mètres cubes d’eau étaient chaque jour acheminés à Lyon grâce à l’aqueduc du Gier. Au total, l’aqueduc fut en fonctionnement plus d’un siècle. Son abandon, estimé au début du 3ème siècle, pourrait être lié à un manque d’entretien ou à l’arrivée de troupes venues du nord qui chassèrent les romains de Gaule. Des fouilles archéologiques effectuées à Chaponost ont permis la mise à jour d’une nécropole le long de l’aqueduc romain du Gier. Des squelettes ont été datés de la fin du 3ème siècle, ce qui prouve qu’il n’était plus en fonctionnement depuis un certain temps.
Afin de garantir l’écoulement de l’eau une pente constante était nécessaire. La pente est de 1 m par km en moyenne sur cet aqueduc. Si la distance entre le point de captage et le point d’arrivée de l’aqueduc et de 42 km, sa longueur réelle fait plus du double à cause de cet impératif de pente uniforme. Pour ce faire, plusieurs techniques étaient utilisées notamment la création de tunnels. En effet, 95% de l’aqueduc est enterré. “Opus reticulatum mixtum”, c’est la technique de construction utilisée pour cet édifice qui en fait l’une de ses particularités. C’est une technique typique de la partie centrale de l’Italie, la région de Rome, de Naples, et il est plutôt rare de la retrouver à l’extérieur du pays. “Opus reticulatum”, car elle se compose de pierres taillées appelés appareils réticulé dans le parement, formant une sorte de filet. “Mixtum” car le parement réticulé côtoie des arases de briques bipédales, c’est à dire long de deux pieds soit 60 cm. Une technique exceptionnelle et rare sur un édifice de cette ampleur (avec technique du blocage à l’intérieur).
Les matériaux utilisés pour les maçonneries de l’aqueduc changent au long de son parcours. Calcaire, granite, gneiss, plusieurs types de pierres sont utilisés en fonction des matières premières présentes sur place. À partir de Beaunant, il s’agit d’un calcaire tendre oolithique bathonien. On retrouve les briques uniquement dans la deuxième partie de l’aqueduc, à l’approche de Lyon, là où le territoire offrait l’argile nécessaires à la fabrication. Dans la première partie de l’aqueduc, proche de son départ, les dalles en pierre remplacent les briques (exemple : au pont des Granges à Saint-Maurice-sur-Dargoire). Il fallait être efficace et économe.
L’une des caractéristiques principales de l’aqueduc du Gier est la présence de 4 ponts-siphon dans celui de Beaunant situé à Sainte-Foy-lès-Lyon. Lorsque la vallée était trop large et trop profonde pour construire un pont-canal, la technique du pont-siphon était alors utilisée. Un siphon est constitué au départ d’un réservoir de chasse et à l’arrivée d’un réservoir de fuite relié par des canalisations de plomb. L’eau descendait sous pression au fond de la vallée et remontait. C’est le principe des vases communicants ou du siphon inversé. Le franchissement de l’Yzeron est le plus spectaculaire et le mieux visible. L’aqueduc devait traverser une dépression large de près de 3 km pour une dénivellation de quelques 140 m. Le siphon réalisé, seule solution possible sauf à réaliser un très long détour, est une prouesse technique. 2600 mètres de long d’un réservoir à l’autre, la partie basse est formé d’un pont canal de 270 m de long et 17 m de haut, 13 bars de pression à soutenir dans la partie basse, soit 2 à 3 fois plus que la pression contenu dans une bouteille de champagne, canalisations sur tout le siphon par un faisceau de 11 tuyaux de plomb de 27 cm de diamètre noyés dans le mortier pour assurer leur résistance à la pression.
À Chaponost, où se trouve la plus longue enfilade d’arches d’aqueduc actuellement visible en France, 72 arches sont encore dressées sur les 92 qui portaient le canal à l’époque romaine. Ce site dit du Plat de l’Air représentent le réservoir de chasse qui se poursuit avec le ponts-siphon de Beaunant à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Sur cette partie de l’aqueduc, l’édifice se devait donc d’être robuste. Il est 4 fois plus large afin de soutenir les 11 tuyaux de plomb ou l’eau transitait. On retrouve 3 types de piles le long du pont-siphon : les piles pleines, les piles élégie c’est-à-dire creuses sous l’arc transversal et les piles élégie comblées. L’élégissement des piles menaçant en effet la stabilité de l’ouvragé, il a parfois fallu les combler avec un blocage de gneiss et de mortier de chaux enserrée par un parement réticulé afin de garantir un soutien optimal de l’édifice. Sans cette incroyable technique les constructeurs auraient alors dû empiler l’équivalent de 3 ponts du Gard pour arriver à traverser la vallée.
L’Europe compte une trentaine de ponts-siphon. 6 sont présents aux alentours de Lyon dont 4 sur l’aqueduc du Gier. Le pont-siphon de Beaunant est une des parties les mieux conservées de tout le parcours, il est d’ailleurs classé aux monuments historiques depuis 1875.
En 2018, l’aqueduc du Gier et le pont-siphon de Beaunant ont été sélectionnés comme sites emblématiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes par la mission patrimoine dite “mission Berne”. Le projet porté par la ville de Sainte-Foy-lès-Lyon s’appuie sur 2 piliers, un ambitieux programme de sécurisation et de restauration de l’édifice et de la valorisation de celui-ci auprès du grand public. Le syndicat  intercommunal de l’aqueduc romain du Gier (SIARG) a décidé de participer à l’impulsion de ce projet de mise en valeur en initiant l’installation de plusieurs bornes interactives le long de l’Aqueduc. La Ville de Sainte-Foy-lès-Lyon est une des premières communes à bénéficier de ces bornes.

Depuis son origine au Mont Pilat où il captait l’eau du Gier, cet aqueduc parcourait 86 km avec des secteurs enterrés et aériens. Il est l’un des plus longs et des mieux conservés des aqueducs romains connus.

Le saviez-vous ? 4 aqueducs alimentaient Lugdunum : le Mont d’Or, l’Yzeron, la Brévenne et le Gier. Ils formaient le réseau d’aqueducs le plus développé après celui de Rome.

Le pont-siphon de Beaunant

Classé aux Monuments Historiques en 1875, le pont siphon de Beaunant constitue l’un des ouvrages majeurs de l’aqueduc du Gier. 15 de ses arches sont encore visibles aujourd’hui.

Il présente 3 caractéristiques uniques :

  • son parement réticulé
  • des arches en abîme
  • la technique de conduite forcée

C’est une prouesse d’ingénierie avec le franchissement d’une dépression large de 2,6 km pour une dénivellation de 140m. Sans siphon, il aurait fallu superposer l’équivalent de plusieurs ponts du Gard, ce qui aurait été impossible. Il représente donc une prouesse technique magistrale toujours inégalée.

Lorsque la carte est sélectionnée au clavier, vous pouvez utiliser les touches + et − du clavier pour effectuer un zoom avant ou arrière, ainsi que les touches haut, bas, droite et gauche du clavier pour déplacer la carte.

La restauration

Les travaux de restauration ont pour objectifs de limiter l’érosion, sécuriser le site, et valoriser l’édifice.

Depuis 2014, d’importants travaux de restauration ont été programmés. Débutés en novembre 2018, ils comprenaient la restauration et la mise en valeur des arches n°1 à 29. Après une opération de consolidation des fondations des arches ouest, la deuxième phase des travaux qui concernait les arches n°9 et 10 s’est achevée en 2022.

Cette restauration du pont siphon s’est également inscrite dans la volonté de revalorisation du quartier de Beaunant.

La borne interactive

Dans le cadre du partenariat avec le SIARG, organisme créé pour mutualiser les actions de sauvegarde et de mise en valeur de l’aqueduc du Gier, une borne interactive a été installée dans le square au pied de l’aqueduc. Un totem qui contribue à valoriser ce monument remarquable et à renforcer son intérêt touristique.

Pour en savoir +